Impacts de la pollution lumineuse Démêler le vrai du faux !

Au fil des siècles, la lumière a bénéficié d’un certain prestige, signe de progrès, de sécurité, de confort et d’amélioration du cadre de vie. Selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), la quantité de lumière émise dans l’environnement ne cesse de croître, mais dans un contexte de
crise énergétique, écologique et sociale, la pollution lumineuse préoccupe. 

Cet article vous donnera quelques informations clés pour vous éclairer sur le sujet !

En France, l’éclairage public représente :

41 %
de la consommation d’électricité des communes (Source : ADEME)
2 Mrd €
de coût annuel (Source : ANPCEN)
94 %
d’augmentation de lumière émise en 20 ans (Source : ANPCEN)
18 %
des dépenses énergétiques des communes (Source : ADEME)

Questions / réponses :

Car la pollution lumineuse a des impacts multiples sur la biodiversité, sur les paysages nocturnes et dans une moindre mesure sur la santé. Néanmoins, cette pollution est facilement réversible puisque dans certaines conditions, il suffit d’éteindre la lumière et d’éclairer plus sobrement. Nous devons prendre conscience que les humains comme les non-humains ont besoin d’obscurité pour leur bon fonctionnement physiologique et biologique. 

La loi n’oblige pas à éclairer mais elle oblige à éteindre certaines choses dans certains cas, notamment les vitrines des magasins, les bâtiments non résidentiels ainsi que les façades du patrimoine et les parkings. La loi donne des indications quant aux critères à suivre pour l’éclairage public (direction de la lumière, température de couleur, puissance, etc.). Cependant, les études montrent qu’elle ne va pas assez loin sur les critères de biodiversité. Le Parc propose donc d’être plus ambitieux par rapport à la loi et de travailler finement à l’échelle des communes. 

Ne pas installer de Led blanc à l’extérieur de votre maison mais plutôt des couleurs ambrées (<2200 kelvins et des puissances faibles pour atteindre 15 lumen/m²). L’éclairage ne doit pas vous éblouir.  Ne pas installer des spots restants allumés toute la nuit. Préférez les lumières avec détecteurs de présence à l’entrée de votre habitation et vous munir de lampe dans votre jardin. Pour les soirées nocturnes dans votre jardin, il est préconisé de favoriser une ambiance tamisée avec des éclairages faibles.

De manière générale, le Parc préfère la sobriété en termes d’énergie et de matériaux utilisés. Privilégier l’extinction pour limiter les flux lumineux aux périodes de l’année à forts enjeux de biodiversité. En fonction des communes, il est préconisé d’éteindre le plus tôt possible voire d’éteindre totalement l’été où il y a le plus d’activité des non-humains qui coïncide également avec des durées de jours maximales.

Pollution lumineuse & biodiversité 

De nombreuses études démontrent l’impact de l’éclairage sur la biodiversité : modifications des fonctions physiologiques et des cycles de reproduction, piégeage et désorientation des espèces, perturbation des comportements, etc.

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Les insectes

Habituellement, les insectes utilisent la lumière de la lune et des étoiles pour se déplacer. Désorientés par les éclairages, ils cherchent désespérément leur chemin et finissent par mourir d’épuisement ou mangés par des prédateurs. La lumière artificielle représente la 2ème cause de mortalité des insectes, après les insecticides.

Selon une étude britannique parue  Sciences Advances , des prairies soumises à la pollution lumineuse enregistrent une baisse de 62 % de visite de pollinisateurs comparativement à une prairie non éclairée. De même pour les haies éclairées par des lampadaires, on constate quelles abritent 47 % de chenilles en moins que les haies non-éclairées.

Thyatira batis - papillon nocturne, Thierry Morel ©Thierry Morel

Les amphibiens

Le succès de la reproduction des crapauds est conditionné par la fréquence de leurs coassements, qui diminue en présence d’éclairage.

Les oiseaux et les chauve-souris

Leurs cycles de reproduction et de recherche de nourriture sont perturbés, provoquant un risque pour leur progéniture et leur survie. En effet, certaines espèces de chauve-souris fuient les espaces suréclairés. Cela réduit considérablement leurs zones de chasse, de reproduction ou d’habitat, participant ainsi au déclin des populations. 

Minioptère de Schreibers, chauve-souris - CPEPESC ©CPEPESC

Nuit & sécurité

Outre le caractère mystérieux et romantique qu’on peut lui attribuer, la nuit est aussi perçue comme une source d’angoisses pleine de dangers. Pourtant, aucune étude ne prouve l’efficacité de l’éclairage public comme moyen de dissuasion des agressions et des incivilités. D’après le Ministère de l’Intérieur, 80% des cambriolages ont lieu de jour. A l’échelle locale, ces données sont semblables et confirmées par la gendarmerie de Maîche. En ce qui concerne la sécurité routière, une étude* a analysé les accidents mortels sur les autoroutes belges pendant la période 2014/2015. Il en ressort que 16,5% des accidents ont eu lieu dans l’obscurité complète, sans forcément en être la cause. D’autres facteurs sont à prendre en compte, comme la vitesse excessive, la consommation d’alcool et la fatigue

*Source : Le tribut mortel des autoroutes, Freya Slootmans, Stijn Daniels, 2017

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